Comme le suggère le concept d’amplification sociale du risque, les risques sont amplifiés et instrumentalisés par des institutions telles que le régulateur-législateur et les médias (Pidgeon et al, 2003).
Le rôle du régulateur-législateur a commencé en France avec la Loi de Sécurité Financière. Sur fond de scandales et de crise, les interventions du régulateur-législateur ont amèné les entreprises à renforcer les systèmes de contrôle interne et de gestion des risques : loi du 3 juillet 2008, ordonnance du 8 décembre 2008 ; rapport du 8 décembre 2009de l’AMF ; loi Sapin II du 9 décembre 2016…
RAPPEL LOI SAPIN
La loi Sapin IIvise à prévenir les risques de blanchiment des capitaux, de financement du terrorisme et de la corruption – la corruption est le fait pour toute personne de solliciter une personne dépositaire de l’autorité publique, moyennant rémunération, un acte relevant de ses fonctions -.
Elle propose six mesures pour cartographier le risque de corruption et le prévenir au niveau organisationnel et individuel. Cette loi n’oblige pas à une communication extérieure spécifique mais elle engage la responsabilité personnelle des dirigeants et celle de la société en tant que personne morale.
Nicolas Dufour et moi-même présentons davantage la loi Sapin II ainsi que les réglementations en vigueur et la soft-law (principe de précaution) dans notre ouvrage ; voir « La Fonction Risk Manager. Organisation. Méthodes et Positionnement », Ed Gereso, p.50. https://www.la-librairie-rh.com/livre-entreprise/la-fonction-risk-manager-fris.html
LIRE ou RELIRE sur le Blog
Dans les rubriques corruption et/ou Loi Sapin II ou en recherchant par mots clés ou dans les archives mensuelles par date, vous pourrez lire ou relire les articles suivants.
En juillet 2020, un article sur la cartographie des risques de corruption.
En février 2020, les principaux résultats de l’enquête sur le niveau de maturité des dispositions anticorruption en entreprise réalisée par l’Autorité Française Anticorruption (AFA) lançait.
En octobre 2020, un article intitulé « Trois ans après, où en sont les entreprises ? »
Aujourd’hui, je vous propose de compléter cet état des lieux par un nouvel exemple de Corruption – les affaires sont toujours là et les sanctions arrivent – et la lecture du rapport d’activité de l’AFA 2000 – le régulateur également -.
Mardi prochain, sur ce même sujet nous parlerons cartographies des risques de corruption avec les erreurs à éviter et « extension » de la Loi Sapin II avec un arrêt d’appel à suivre.
Corruption au Togo : le groupe Bolloré va s’acquitter d’une amende de 12 millions d’euros
Le tribunal judiciaire de Paris a homologué vendredi une convention judiciaire d’intérêt public négociée entre le groupe et le Parquet national Financier. La holding a reconnu lors de l’audience des faits de corruption et d’abus de confiance afin de décrocher la gestion du port de Lomé, au Togo.
Le groupe dirigé par Vincent Bolloré va s’acquitter d’une amende de 12 millions d’euros. (RIC PIERMONT/AFP)
Plus de dix millions d’euros d’amende et un suivi serré de l’agence française anticorruption pendant deux ans : le tribunal judiciaire de Paris a validé, vendredi, la convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) négociée par le Parquet national Financier (PNF) et le groupe Bolloré. Ce dernier était mis en cause pour des faits de corruption et d’abus de confiance, commis entre 2009 et 2011 au Togo.
Dans le détail, la holding du groupe aux quatre pôles (communication, mobilité électrique et stockage d’énergie, transports et logistiques, participations financières) va s’acquitter d’une amende de 12 millions d’euros à verser « au Trésor public sous dix jours », indique le PNF dans un communiqué.
Bolloré SE doit également provisionner 4 millions d’euros afin d’assumer le coût d’un programme de mise en conformité aux règles de l’agence française anticorruption, qui va durer deux ans. « Conformément à la loi, il appartient à Financière de l’Odet SE [la société présidée par Vincent Bolloré qui détient 64 % du groupe, NDLR] et Bolloré SE de décider dans un délai de 10 jours si cet accord devient définitif », a réagi le groupe dans un communiqué.
Ces deux conditions, si elles sont respectées, marqueront la fin des poursuites : la CJIP, instaurée par la loi Sapin 2, est une procédure qui permet à une personne morale d’éviter la tenue d’un procès en négociant une sanction financière.
Risque
Le groupe s’exonère donc d’un risque non négligeable : plusieurs pays interdisent aux entreprises condamnées pour corruption de candidater pour leurs marchés publics, ce qui aurait pu être très préjudiciable à la branche logistique, qui exploite plusieurs concessions portuaires en Afrique.
Cette CJIP intervient après l’ouverture d’une information judiciaire, ouverte en 2013 pour des faits de « corruption d’agent public étranger, abus de confiance et complicité d’abus de confiance ». La holding avait été mise en examen pour avoir fourni, en partie gracieusement, les services de la branche communication de Havas afin de décrocher la gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée. La mise en examen concernant la Guinée a été annulée pour cause de prescription.
Le tribunal judiciaire de Paris a, par ailleurs, refusé de valider la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité négociée par Vincent Bolloré et le PNF, pour ces mêmes faits. La juge a estimé « nécessaire » la tenue d’un procès pour l’homme d’affaires.
Basile Dekonink. Publié le 26 févr. 2021.
Rapport d’activité de l’AFA 2020
« L’année 2020 a été marquée, en son début, par le lancement du premier plan national pluriannuel de lutte contre la corruption, qui traduit l’engagement gouvernemental à agir contre la corruption, aussi bien par la prévention que la poursuite et la sanction.
L’ensemble des activités de l’AFA a été affecté par le contexte sanitaire, qui l’a amenée à adapter ses méthodes de travail et à aménager ses actions de contrôle, tenant compte des répercussions de la crise sur les acteurs concernés.
Les activités de conseil se sont poursuivies à distance, par audio ou visioconférence. L’année 2020 a été plus particulièrement celle de la révision des recommandations de l’AFA, à destination de tous les acteurs publics et économiques. Les nouvelles recommandations, publiées au Journal officiel le 12 janvier 2021 bénéficient ainsi des enseignements de plus de trois années de conseil et de contrôle et précisent le contenu du référentiel anticorruption français.
Les activités de contrôle ont pour leur part évolué, afin d’appréhender des risques plus conjoncturels ou plus sectoriels que ne l’avaient permis les contrôles menés jusqu’alors. Une telle évolution est apparue nécessaire notamment dans la perspective de grands évènements sportifs auxquels l’AFA est associée, s’agissant du contrôle des dispositifs de prévention de la corruption mis en œuvre par les personnes morales chargées de leur organisation, de leur déroulement ou de la reconfiguration des sites.
Quant à l’activité internationale, elle est restée dense et s’est particulièrement illustrée par la publication d’un rapport d’analyse de la cartographie mondiale des autorités anticorruption, rassemblant 171 autorités de 114 pays, mené sous l’égide du réseau des autorités nationales de lutte contre la corruption, que l’AFA a présidé jusqu’à la fin de l’année. »