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RISQUE CLIMATIQUE : OU EN ETES-VOUS ? 🙈 ? 🙉 ? Plus ? AU-DELA DE l’ASSURANCE, UN CHANGEMENT DE PARADIGME ET LA MISE EN ŒUVRE ORCHESTREE PAR UN RISK MANAGER CORPORATE D’UNE DEMARCHE DE GESTION DU RISQUE CLIMATIQUE (3)

Je vous ai proposé :

Je vous propose aujourd’hui :

👉 Un article et un excellent rapport à lire pour lui préférer ou a minima lui adjoindre un changement de paradigme et la mise en œuvre orchestrée par un Risk Manager corporate d’une démarche de gestion du risque climatique.

📌 Plus la rubrique lire et relire sur ce sujet :

Dans l’ouvrage  « RISK MANAGEMENT. ORGANISATION ET POSITIONNEMENT DE LA FONCTION RISK MANAGER. METHODES DE GESTION DES RISQUES. »,

CH I Définition des notions mobilisées et contextualisation de la Fonction Risk Manager, Amplificateur de risque 1 : le régulateur, législateur, p. 53-65.

https://librairie.gereso.com/livre-entreprise/risk-management-fris2.html

Sur le blog

Le risque climatique : impact sur les institutions financières et la gestion des risques

A la poursuite du risque climatique…RSE et maîtrise des risques

La nécessaire gestion du risque climatique et ses interactions avec la RSE

Le risque, variable stratégique de la réflexion des entreprises sous l’effet de cinq facteurs : illustration sur le risque climatique.

Risque climatique et assurances.

Le périmètre d’activité des Risk Managers ne cesse de s’élargir.

Réchauffement climatique, cyberattaques, tensions géopolitiques… Dans cette époque turbulente, comment préserver les piliers d’un modèle assurantiel qui joue aussi un rôle social structurant 

« Un monde à +4 degrés n’est pas assurable. » Cette déclaration d’Henri de Castries, à la veille de la COP21 dans une interview au Parisien, avait fait en 2015 grand bruit. Alors PDG d’Axa, le dirigeant pointait une menace sourde, le spectre de l’inassurabilité face aux risques systémiques – et en premier lieu, celui du dérèglement climatique. Huit ans plus tard, le 22 février 2023 au micro de France Info, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu appelait à « sortir du déni » et à « préparer notre pays à +4 degrés » [de réchauffement climatique]. Ambiance.

Ce simple fast forward résume à lui seul les enjeux et dilemmes de l’assurance moderne. À l’ère de la permacrise, comment préserver notre modèle assurantiel ? Face à la multiplication, l’accélération et l’interdépendance des risques, dans une société toujours plus numérisée, pourra-t-on protéger les principes de solidarité et de mutualisation ? Est-il possible d’anticiper et de réduire notre exposition à des évènements dont le dimensionnement et la récurrence ne cessent d’augmenter ?

Explosion du risque cyber

En avril 2022, le Conseil économique, social et environnemental s’est emparé de la question en publiant l’avis Climat, cyber, pandémie : le modèle assurantiel français au défi des risques systémiques. Dans cette note, l’instance fait le constat d’une société toujours plus vulnérable, au rythme de l’évolution de ses systèmes économiques et sociaux. En cause ? La mondialisation, le dérèglement climatique, et la digitalisation, dont les effets s’accroissent et s’interconnectent. Prenons l’exemple de la pandémie : outre ses conséquences sanitaires, le Covid-19 a lourdement grevé les entreprises, avec 180 milliards d’euros de pertes d’exploitation estimées sur la période.

Mais l’épisode a aussi accéléré la numérisation de nos organisations, qui se sont jetées à corps perdu (et de façon bien naturelle) dans les possibilités offertes par le digital pour contrer la mise à l’arrêt forcée de nos activités. Une mutation qui s’est accompagnée de l’explosion du risque cyber, qui n’était pourtant pas marginal avant la pandémie : en 2019, 90% des ETI et des PMI françaises avaient déjà été concernées par une attaque malveillante, selon le CESE. En 2020, les attaques par ransomware ont augmenté de 255%, d’après l’Anssi. Et en 2022, 45% des répondants du baromètre du Club des Experts de la Sécurité de l’Information et du Numérique (CESIN) signalent au moins une cyberattaque « réussie » (c’est-à-dire ayant entraîné des pertes financières et / ou réputationnelles significatives). Enfin, la géopolitique, qui a fait son retour en fanfare dans notre quotidien avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, charrie avec elle sa somme de nouvelles menaces cyber, cherchant à déstabiliser le camp ennemi dans un monde toujours plus polarisé.

Et de fait, en 2023, les professionnels français de l’assurance placent encore le risque cyber en tête des menaces, en termes de probabilité d’occurrence et d’impact à moyen terme, suivi par le dérèglement climatique et l’environnement économique dégradé. Réalisée tous les ans par France Assureurs (nom d’usage de la Fédération française de l’assurance), la Cartographie prospective des risques recueille l’appréciation des risques par des dirigeants représentant 97% des placements du secteur. Un exercice équivalent, mais cette fois-ci à l’échelle du globe, peut se trouver du côté du Future Risk Report 2022, réalisé par Axa, Ipsos et Eurasia groupe. Pour celui-ci, la vulnérabilité cyber monte au troisième rang des préoccupations des experts, derrière les risques climatique et géopolitique.

La cybercriminalité, troisième économie mondiale

Si les risques cyber intègrent une « nouvelle normalité » dans le panorama des risques selon Axa, l’assureur français rappelle toutefois que nous n’avons pas encore eu à essuyer une cyber attaque à grande échelle, paralysant nos centres vitaux : santé, énergie, systèmes de paiement… 51% des experts interrogés par le Future Risk Report citent l’arrêt des infrastructures critiques et des services essentiels comme principal cyber risque. Une crainte partagée par Mario Greco, interviewé en décembre 2022 par le Financial Times. Le directeur général de Zurich Insurance considère que c’est le risque cyber qui pourrait bien, avant même les catastrophes naturelles et / ou les conséquences du réchauffement climatique, devenir inassurable : « Si quelqu’un prend le contrôle de parties vitales de nos infrastructures, quelles seront les conséquences ? Nous devons comprendre qu’il ne s’agit pas seulement de données, mais de civilisation. Ces gens peuvent vraiment disrupter nos vies. »

Et l’on ne peut s’empêcher de penser aux hôpitaux, actuellement touchés de plein fouet par une véritable série noire cyber. Des systèmes informatiques vieillissants, le manque de moyens financiers et humains, le manque d’acculturation digitale… alliés à l’accélération technologique des processus et pratiques font des établissements de santé des cibles de premier choix. Sans parler du caractère ultra-sensible – et donc ultra bankable – des données de santé : selon le cabinet Sopra Steria, sur la base de données IBM, un dossier médical peut s’échanger jusqu’à 350 dollars sur le dark web, 50 fois plus qu’un dossier bancaire ! Mais d’autres types d’infrastructures critiques sont dans le viseur des hackers : collectivités, ministères, institutions, équipements… En mai 2021, le plus grand oléoduc d’essence des Etats-Unis a ainsi été ciblé par un ransomware, obligeant son opérateur à interrompre ses activités. Selon le sénateur Rémi Cardon, auteur d’un rapport sur le risque cyber, si la cybercriminalité était une économie nationale, elle serait troisième au niveau mondial, derrière les Etats-Unis et la Chine, avec 6 000 milliards d’euros – un montant qui a doublé depuis 2015. Thierry Breton, le commissaire européen chargé du marché intérieur, vient d’ailleurs d’annoncer aux Echos la mise en place d’un cyber-bouclier européen, un projet à plus d’un milliard d’euros.

Renforcer les partenariats public privé

Sur le front du dérèglement climatique, l’inquiétude des professionnels ne décroît pas. Pour France Assureurs, elle s’installe même de façon structurelle chez les professionnels, au deuxième rang de leurs préoccupations. Un constat logique, après les extrêmes climatiques de 2022, qui ont porté la facture des catastrophes naturelles à plus de 10 milliards d’euros en France. A l’échelle du globe, c’est même la première fois que le risque climatique arrive en tête du classement Future Risks, pour toutes les régions du monde – en 2021, seule l’Europe lui accordait la première place.

Et tandis que la transition vers une économie bas-carbone s’accompagne de ses propres risques, notamment économiques, ce mouvement pourtant indispensable est rendu plus complexe encore, par les risques géopolitiques et énergétiques. Ces derniers sont montés en flèche dans le Future Risk Report, qui insiste sur la nécessité d’une approche holistique, mais aussi des partenariats public-privé (PPP) plus étroits selon les experts interrogés. Des PPP que la France pratique déjà avec le régime catastrophes naturelles ou la récente assurance récolte, et qu’elle pourrait encore approfondir, pour faire face au caractère systémique des risques. On parle notamment de la cybersécurité – encore une fois.

Verdir l’économie pour prévenir les risques climatiques

Mais outre son rôle majeur de prévention et de protection des risques, l’assurance est aussi un financeur incontournable de l’économie. A fin 2021, les assureurs français cumulaient plus de 2 700 milliards d’euros de placements, dont 62% dans des actifs d’entreprises et 111 milliards investis dans les PME / ETI, selon France Assureurs. Autant dire que le secteur est un levier incontournable pour la transition vers une économie résiliente et durable.

C’est à ce titre que le Conseil économique, social et environnemental engage le secteur à aller plus loin, avec « une politique de gestion d’actifs qui d’une part se désengage massivement des secteurs émetteurs de carbone, et plus généralement de tous les secteurs qui par leur activité, contribuent à la dégradation de l’environnement, et d’autre part priorise les investissements qui favorisent l’accélération de la transition énergétique et écologique à hauteur d’au minimum 10 % du montant de cette gestion. » Autre axe de prévention : le bâti, par exemple ne pas reconstruire à l’identique pour éviter de futurs sinistres, quand la situation l’exige.

Changement de paradigme et nouvelle culture du risque

Autant de préconisations parmi les 14 autres proposées dans l’avis du CESE. Car pour la troisième assemblée de la République, la pérennité d’un système assurantiel accessible et protecteur pour tous reposera sur trois piliers, recouvrant toute la chaîne du risque : la connaissance, la prévention et l’indemnisation. Mais entre autres mesures « techniques » destinés à renforcer la soutenabilité financière du système, c’est aussi à une forme de révolution culturelle que le CESE appelle : « un changement de paradigme » piloté par « l’Etat-stratège », via la création d’une autorité politique de plein pouvoir, chargée de la prévention et de la gestion des risques majeurs. Une nouvelle culture du risque à acquérir à l’échelle de la société en somme, avec une attention particulière portée à la cybersécurité ou au risk management, dans laquelle la filière aura un rôle majeur à jouer.

Autre enjeu, celui consistant à mieux partager le risque, en créant par exemple une offre socle cyber à destination des TPE / PME, ou en favorisant par exemple l’accès à un premier niveau d’assurances pour tous, pour éviter que certains choisissent de ne plus s’assurer, avec de réels risques économiques et sociaux. C’est ainsi le cas en Outre-mer, qui enregistre une faible couverture, alors même que le risque climatique s’accroît. Au moment où les tensions s’exacerbent et la vulnérabilité ressentie par la population s’accroît, la mission de l’assurance sera aussi celle-ci : faire vivre et perdurer dans une société en profonde mutation une certaine idée de la solidarité au service de l’avenir.

Carolina Tomaz. Rédactrice en chef du Livre des Tendances de L’ADN.

RISQUES ET OPPORTUNITES LIES AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

A lire sur le site de l’AMRAE dans la Bibliothèque.

Ce que j’aime :

👍Un titre qui prend en compte la dimension positive du risque

👍Un travail de groupe

👍Un chapitre sur la méthodologie d’analyse des risques liés au changement climatique

👍Un chapitre sur la mise en application d’une démarche

👍Un paragraphe sur le rôle du Risk Manager. Rôle qui se rapproche des rôles que je décris dans mes ouvrages comme étant celui du Risk Manager « architecte » de la gestion des risques et dans mon dernier article de recherche comme étant celui de la Fonction Risk Manager (FRM) managériale ; tous les deux en chemin, dans la période de maturité de la fonction, vers une FRM pilote de la démarche Enterprise Risk Management.

👉 Pour aller plus loin que ce paragraphe un peu rapide :

Voir :

Dans l’ouvrage  « RISK MANAGEMENT. ORGANISATION ET POSITIONNEMENT DE LA FONCTION RISK MANAGER. METHODES DE GESTION DES RISQUES. », CH 2 L’activité des Risk Managers ; CH 5 La place des Risk Managers dans l’organisation.

https://librairie.gereso.com/livre-entreprise/risk-management-fris2.html

Dernier article de recherche sur les rôles de la FRM sur sa période d’émergence :

Aubry C., « La Fonction Risk Manager dans les entreprises françaises non financières : ses rôles sur la période de son émergence », Revue Management et Avenir, n°134, avril, p.61-82, 2023. https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2023-2-page-61.htm

MON ACTUALITE RECHERCHE. VIENT DE PARAITRE : Aubry C., (2023), « La Fonction Risk Manager dans les entreprises françaises non financières : ses rôles sur la période de son émergence. », Revue Management et Avenir, n°134, avril, p.61-82.

✴ Lien vers : https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2023-2-page-61.htm

✴ Objectif de l’article

Comprendre les rôles des premières FRM dans les entreprises non financières françaises, sur sa période d’émergence (de leur date de création, entre 1994-2004, et 2009).  

✴ Résultats

Nous mettons en évidence quatre portraits-types – FRM invisible, FRM néo-institutionnelle, FRM interactive, FRM managériale -, associés à quatre rôles. Ces résultats constituent un point de départ sur lequel des travaux à venir pourront positionner la FRM actuelle, permettent de mieux la comprendre et de s’interroger sur son avenir.

Mes travaux conduisent à la formulation de préconisations – pistes pour que les RM fassent les choix qui leur permettent de gagner rapidement en légitimité -.

✴ Et un, et deux, et trois et quatre ! 🎯

Il est mon 4ème article sur l’identification de la FRM (naissance, activité, place dans l’organisation, rôle) sur sa période d’émergence. Le manque de littérature académique sur ce sujet, alors qu’elle a pris une ampleur considérable depuis la fin des années quatre-vingt-dix, est comblé et mon objectif atteint.

✴ Perspectives

La FRM que j’ai étudiée a maintenant une existence moyenne de quinze ans. Une nouvelle recherche permettra d’actualiser nos données. La généalogie de la fonction et de ses rôles servira de point de d’ancrage, de comparaison et de compréhension des rôles de la FRM depuis la période d’émergence. Il sera intéressant de les positionner sur les éléments constitutifs du rôle, de voir comment les portraits-types et les rôles de la FRM ont évolué et si au cours des dix dernières années elle a acquis davantage de légitimité et de quel type.

🙏 Merci

A tous les Risk Managers qui ont accepté de répondre à mes questions. A tous ceux qui accepteront de répondre à mes sollicitations.

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Ouvrage, disponible aujourd’hui 9 juin 2022, « RISK MANAGEMENT. ORGANISATION ET POSITIONNEMENT DE LA FONCTION RISK MANAGER. METHODES DE GESTION DES RISQUES. »

Professionnels qui souhaitez découvrir ou approfondir vos connaissances sur le Risk Management et la Fonction Risk Manager : un ouvrage, disponible aujourd’hui 9 juin 2022, « RISK MANAGEMENT. ORGANISATION ET POSITIONNEMENT DE LA FONCTION RISK MANAGER. METHODES DE GESTION DES RISQUES. »
🏁 Il est disponible aujourd’hui, 9 juin 2022 / Sur le site de GERESO Editions, collection Management https://librairie.gereso.com/livre-entreprise/risk-management-fris2.html
/ Sur les sites de la FNAC, AMAZON… 

🎯 Il s’agit de :
La 2ème édition de notre ouvrage 📖  « La Fonction Risk Manager. Organisation, Méthodes et Positionnement » / paru chez Gereso Editions / en 2019 / labellisé FNEGE dans la catégorie Manuel en 2020
✅ Avec un titre plus « large » / La Fonction Risk Manager / La démarche de Gestion des Risques
✅ Avec des ajouts :
👉 Une nouvelle période d’analyse / de 2019 à aujourd’hui
👉 L’intégration des nouveaux enjeux :
  • la loi sur le devoir de vigilance
  • le risque éthique et le risque de réputation
  • le risque cyber, le risque de fraude et leur gestion
  • le rôle du Risk Manager face à la crise sanitaire du Covid 19

👉 De nouveaux exemples

👓 Pour ceux qui découvrent notre ouvrage, vous y trouverez : 
✅ Un panorama complet de votre fonction (activité, place dans l’organisation, compétences), de la démarche de gestion des risques et de ses outils
✅ Des préconisations pour faire évoluer la fonction
✅ Une double approche académique et de terrain, au niveau du contenu, de nos parcours professionnels, des personnalités qui nous ont fait l’honneur de rédiger la préface et la postface.  

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LA QUESTION ESSENTIELLE ET COMPLEXE DE LA PERFORMANCE DE LA GESTION DES RISQUES ET DE LA FONCTION RISK MANAGER

L’évocation par les médias de l’étude menée par une dizaine de chercheurs sur l’impact du passe sanitaire sur l’adhésion vaccinale, le nombre d’hospitalisations et de décès liés au Covid-19, ainsi que sur le produit intérieur brut (PIB) a retenu mon attention et m’a immédiatement faite penser qu’il y avait là une volonté et une tentative de mesure des résultats d’une politique de gestion des risques.

Mon intention n’est pas d’entrer dans les détails de la méthodologie mais d’apporter des quelques pistes à creuser sur la délicate question de la mesure de la performance du Risk Manager, son paradoxe et le défi qu’elle soulève.

  1. Revenons sur ce que l’on sait de cette étude et où la trouver.

Couverture vaccinale, nombre de décès et PIB : le rôle décisif du passe sanitaire en France

Selon une étude publiée par le Conseil d’analyse économique, la France a évité près de 4 000 morts et la perte de 6 milliards d’euros entre juillet et décembre 2021, tout en gagnant treize points de couverture vaccinale.

Une femme montre son passe sanitaire dans une brasserie de Deauville (Calvados), le 26 juillet 2021.

Comment mesurer l’impact concret de l’instauration du passe sanitaire ? Certes, le taux de vaccination de la population française est passé de 53,8 %, à la mi-juillet 2021, à désormais 79,5 % de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin, mais quelle part de cette impressionnante augmentation peut être directement attribuée à ce nouvel outil du quotidien ? Par ailleurs, cet impact est-il seulement sanitaire ou d’autres aspects de la société ont-ils pu bénéficier de cette mesure, critiquée notamment pour son aspect liberticide ?

Une étude menée par une dizaine de chercheurs s’est penchée sur ces différentes questions et montre le très fort impact du passe sanitaire sur l’adhésion vaccinale, le nombre d’hospitalisations et de décès liés au Covid-19, ainsi que sur le produit intérieur brut (PIB).

Cette étude, publiée mardi 18 janvier sur le site du Conseil d’analyse économique (CAE), un service rattaché à Matignon mais réunissant des universitaires indépendants, a notamment été coécrite par le mathématicien Miquel Oliu-Barton (université Paris-Dauphine, Bruegel) et les économistes Bary Pradelski (CNRS, Oxford-Man Institute of Quantitative Finance) et Nicolas Woloszko (Organisation de coopération et de développement économiques), avec les conseils de l’épidémiologiste et membre du conseil scientifique Arnaud Fontanet et les économistes Philippe Aghion (Collège de France) et Patrick Artus (Natixis), entre autres…

…A lire Le Monde, 18 janvier 2022.

Delphine Roucaute

2. Passons ensuite à un article sur la mesure des résultats d’une politique de gestion des risques et son paradoxe.

Mesurer les résultats d’une politique de gestion des risques

« Réussir à gérer les risques efficacement est une tâche contrecarrée par un paradoxe des plus classique : si une gestion routinière des risques est mise en place, il y aura peu de surprises. Personne ne se rend soudainement compte à quel point la mise en place de mesures de précautions liées à la gestion des risques est efficace. Personne ne donne une claque dans le dos du responsable en le félicitant d’avoir trop bien travaillé. À l’inverse, cependant, si la gestion des risques est médiocre, le monde entier se ligue pour crier au scandale. »

Ce paradoxe est révélateur de deux points essentiels. Le premier, et le plus évident, c’est que le métier de responsable de la gestion des risques est ingrat : s’ils ne reçoivent que peu d’éloges, ces derniers sont en première ligne lorsque les résultats ne correspondent pas aux attentes de la direction. Le deuxième point réside dans le fait que les entreprises mesurent rarement le résultat de la gestion des risques, et n’ont par conséquent qu’une vague idée de sa valeur.

Mesurer les avantages qu’une entreprise retire d’une politique de gestion des risques représente un réel défi. Pour que cette analyse soit complète, il est capital de tenir compte d’un certain nombre de facteurs.

La mesure des résultats peut se diviser en trois catégories distinctes :

  • Conformité – Permet de mesurer le degré de conformité de l’entreprise vis-à-vis de ses propres directives en matière de gestion des risques.
  • Maturité – Mesure le niveau de maturité de la politique de gestion des risques au sein de l’entreprise par rapport aux bonnes pratiques en place dans son secteur d’activité.
  • Valeur ajoutée – Évalue dans quelle mesure la gestion du risque aide l’entreprise à atteindre ses objectifs et les résultats qu’elle attend.

Rod Farrar Director, Paladin Risk Management Services, Février 2021.

3. Terminons enfin avec mes propres réflexions à travers la référence aux propos d’un RM interviewé dans le cadre de mon travail de recherche, des extraits de l’ouvrage que j’ai co-écrit avec N.Dufour « La Fonction Risk Manager. Organisation. Méthode. Positionnement » https://librairie.gereso.com/livre-entreprise/la-fonction-risk-manager/ et une référence à ma grille de lecture en termes de légitimité de la FRM.

Un RM me disait il y a quelques années que :

« pour lui, la beauté du job de RM (et non son côté ingrat comme pour Rod Farrar) c’est qu’il n’arrive rien. Difficile à mesurer objectivement… mais que pour le RM stratégique, vous ne verrez jamais un DG reconnaitre que son changement de stratégie ou sa décision vient de la suggestion du RM…. C’est la vie ! Mais cela rend impossible une quantification objective. Elle est immatérielle et se réalise quand votre Président vous invite pour parler d’un sujet et où que le patron d’une filiale vous téléphone pour avoir votre avis. »

Pourtant, nous écrivons p.197 à 200, Chapitre V La place des RM dans l’organisation :

« Pourtant les Risk Managers déprécient cette implication en évoquant à nouveau la difficulté à évaluer leur performance : – leurs objectifs sont difficilement mesurables et sans référentiel ; – les résultats sont difficiles à évaluer car il s’agit de risques potentiels comparés à un « chèque en blanc délivré par la direction générale », qui ne peuvent être évalués qu’a posteriori à travers les coûts indirects évités…Combien le Risk Manager doit-il anticiper au titre des différents risques ?…Un tel enjeu pose la question de la mesure du coût du risque, des limites de risques à définir ainsi que des financements des solutions de maîtrise de risque. Cela revient également à se poser la question « est-ce rentable de chercher à mettre en place des moyens de détection, de prévention et de traitement » ? Et à montrer à la direction générale que c’est rentable. »

Montrer à la DG que l’on est rentable reviendrait pour le RM à acquérir davantage de légitimité de conséquence : être capable de mesurer son action déclencherait ainsi la reconnaissance par sa direction générale de la nature stratégique de sa fonction.

ASSURANCES & RISQUES. QUELLES SOLUTIONS ? CAPTIVES. MEILLEURE COMPREHENSION DES RISQUES. DIALOGUE DU RISK MANAGER ET AUTRES PARTIES PRENANTES AVEC LES ASSUREURS

Mardi dernier (9 mars) , nous avons analysé le marché de l’assurance et illustrer ses tensions à travers l’exemple du Cyberrisque. Je vous propose aujourd’hui des pistes de solutions : quelles solutions pour faire face à cette situation ? Retour sur ce qu’est une captive.

https://www.la-librairie-rh.com/livre-entreprise/la-fonction-risk-manager-fris.html

Quelle stratégie en termes d’assurance en cette période de crise ?

Le sujet de l’assurance est douloureux au sein de nombre d’entreprises qui ont vu leurs assureurs à la fois augmenter les prix et réduire les couvertures. Face à cette situation, faut-il revoir sa stratégie d’assurance ? Ce sujet fut débattu lors des Rencontres du risk management de l’AMRAE

La hausse des prix de l’assurance pour les entreprises a fait les grands titres des journaux fin 2020. A l’occasion de ses Rencontres du risk management qui ont eu lieu début février 2021, l’AMRAE s’est emparé de ce sujet en y consacrant une table-ronde : « Quels financements des risques par le marché de l’assurance, intégrant le risk management ? »

Le constat des participants à ce débat fut sans appel : « Cela dépend des lignes mais la hausse atteint parfois 30/50%, parfois même plus, pour des niveaux de garantie équivalents. Et nous n’avons pas tout vu à mon avis étant donné que tous les programmes n’ont pas encore été renouvelés », a rapporté Stéphane Yvon, directeur de la politique assurances du groupe EDF.

80% des risques non assurés

Frédéric Dhers, CEO de SCOR Europe, a justifié ces augmentations par un phénomène de crises multiples. « Nous vivons non pas une crise mais des crises. La crise sanitaire, inédite, qui se chiffre pour l’instant à 70 milliards de dollars de sinistre en termes d’assurance. Une crise économique, qui a conduit à une contraction de plus de 8% du PIB en France alors que la baisse était d’à peine 3% en 2009. Une crise climatique, aussi, avec des catastrophes naturelles qui impactent les assureurs », a-t-il énuméré.

Quelles qu’en soient les raisons, que doivent faire les entreprises face à une telle hausse des prix mais également à une réduction des couvertures ou encore à l’ajout de certaines exclusion ?

Pour François Beaume, vice-président risques et assurances de Sonepar et vice-président de l’AMRAE, il est évident qu’une bonne partie du financement des risques va rester en interne. « 80% des risques ne sont pas assurés ou pas assurables. Et sur les 20% restant, il y a un effet de contraction car les assureurs baissent les limites et, qu’en plus, ces limites-là vont coûter plus cher ».

De plus, comme l’a rappelé Stéphane Yvon, avec la crise, les entreprises sont en train de revoir leurs dépenses.

La solution de la captive d’assurance

La solution serait de ne plus assurer les risques ? Pour contourner le problème, la plupart des grandes entreprises du CAC 40 et du SBF 120 ont opté pour une captive d’assurance. Il s’agit d’une filiale créée par l’entreprise qui va jouer le rôle d’un assureur ou d’un réassureur mais uniquement pour les risques du groupe auquel elle appartient.

Si le dispositif peut être intéressant, il intéresse cependant surtout les grands groupes. « Les captives concernent plutôt les grandes entreprises, qui réalisent plus d’1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaire. De manière générale, en-dessous d’un million d’euros de prime, il est difficile d’avoir un outil pérenne en mesure de payer les sinistres », a expliqué Étienne Charpentier, directeur solutions et transferts alternatifs chez Siaci Saint-Honoré.

Les entreprises de plus petite taille, les grosses ETI qui ont un bon niveau de primes à gérer, peuvent quant à elles se tourner vers la captive à compartiments, c’est-à-dire la location d’un compartiment captif dans une structure existante. Il faut pour cela trouver un bon courtier qui sait gérer ces dispositifs auprès de sociétés généralement situées à Malte.

Comprendre les risques

Pour les plus petites structures, le plus simple est peut-être, comme l’a proposé François Beaume, de se doter d' »un système de provisions qui permet de préparer le futur dans les comptes d’aujourd’hui ». L’objectif est de se doter d’un matelas qui permettra d’amortir l’impact financier d’un événement qui surviendra plus tard.

François Beaume a surtout insisté sur la nécessité d’investir dans des actions de prévention qui permettent de limiter la fréquence et l’impact des risques. « La première chose est de comprendre les risques de l’entreprise, de les identifier, d’évaluer les mécanismes de survenance. Cela permet ensuite d’agir par différents moyens de prévention« , a-t-il décrit, insistant sur le fait que c’est le socle fondamental avant de penser aux financements des risques.

Dialogues avec les assureurs

Il a également conseillé de formaliser clairement l’appétit au risque de l’entreprise, ce qui permettra de guider la stratégie en la matière. « En fonction de l’appétit au risque, la politique de souscription est très différente », a approuvé Étienne Charpentier.

Enfin, tous les intervenants de cette table-ronde ont insisté sur le nécessaire dialogue avec les assureurs, surtout en cette période. « Nous multiplions les réunions pour expliquer aux assureurs la réalité de l’entreprise, les risques auxquels nous sommes exposés, les choix que nous avons opérés pour améliorer la situation, les problématiques qui restent…« , a raconté François Beaume.

Stéphane Yvon a poussé à embarquer lors de ces discussions d’autres parties prenantes de l’entreprise, comme les personnes en charge de la cyber-sécurité ou celles du juridique. Le risk management est en effet un travail d’équipe, ne serait-ce que pour avoir une bonne connaissance du risque.

Eve Mennesson. 3 mars 2021 

L’assurance captive considérée comme un remède Covid et à la hausse des primes

Alors que les combats éclatent au sujet des paiements en cas de pandémie, de nombreuses entreprises regardent au-delà de la couverture traditionnelle

Partout dans le monde, les tribunaux se demandent si les polices d’assurance contre les pertes d’exploitation détenues par des millions d’entreprises couvrent une pandémie.

La hausse des primes d’assurance coûte aux entreprises des millions de dollars qu’elles peuvent difficilement se permettre alors qu’elles naviguent dans la pandémie de coronavirus. De nombreuses entreprises réagissent en essayant de gérer elles-mêmes les risques.

La montée en flèche de la demande d’assurance dite captive et le montant croissant des capitaux consacrés à l’atténuation des risques ont surpris de nombreux acteurs du secteur, y compris des courtiers qui vendent l’idée de créer un assureur captif.

Une captive est détenue et contrôlée par l’entreprise qui l’établit, qui peut être un restaurant, un fabricant de médicaments ou un détaillant. Il rédige une couverture pour ses propriétaires et paie les réclamations lorsque l’entreprise rencontre des problèmes inattendus. Avant même l’apparition du coronavirus, certaines entreprises américaines avaient veillé à ce que leurs captifs rédigent des polices couvrant une pandémie potentielle, leur permettant d’éviter les différends avec les assureurs traditionnels. Certains assureurs traditionnels ont en grande partie refusé de payer les demandes d’indemnisation pour interruption d’activité présentées par des entreprises touchées par des fermetures.

Créer sa propre compagnie d’assurance peut être une stratégie risquée. Un assureur captif dépourvu de capital suffisant – particulièrement au début de son existence – peut devenir insolvable s’il est confronté à des sinistres importants, laissant la société mère exposée en cas de besoin. Les captives doivent également prendre des décisions en matière de souscription et de réclamation sans lien de dépendance avec leurs propriétaires. Ne pas le faire risque de tomber à l’encontre des régulateurs dans certains pays.

Mais si une entreprise ne trouve pas de couverture adaptée sur le marché libre, la création d’une captive peut être une alternative. Se passer d’une assurance n’est peut-être pas une option – pour des raisons réglementaires, une entreprise peut avoir besoin de prouver qu’elle dispose d’une police d’assurance.

Le courtier d’assurance basé aux États-Unis, Marsh, a déclaré qu’au moins 25 des captifs qu’il gère dans le monde ont rédigé une couverture pour les risques de pandémie. De nombreuses autres entreprises ont mis en place des captives pour contrer les primes qui ont augmenté chaque trimestre depuis la fin de 2017. La pandémie pourrait alimenter des primes encore plus élevées, les assureurs cherchant à évaluer le risque de manière plus agressive.

Marsh a déclaré que le nombre de nouvelles captives qu’il avait aidé à former avait triplé entre janvier et juillet par rapport à un an plus tôt, coïncidant avec une période où les prix mondiaux de l’assurance ont enregistré des augmentations à deux chiffres au milieu de la crise des coronavirus. Aon, un autre courtier d’assurance, a déclaré avoir également constaté une demande plus élevée pour les unités.

Le groupe d’investissement Blackstone Group Inc. est une société qui compte davantage sur les captives pour augmenter ses primes d’assurance.

Fin juillet, sa Gryphon Mutual Insurance Co. est entrée en service, le point culminant de plusieurs mois de travail préparatoire qui ont commencé avant la pandémie. La captive se concentre sur la propriété en Amérique du Nord, mais pourrait être étendue à d’autres régions à l’avenir.

 «En fin de compte, cela nous donnera un meilleur contrôle sur notre programme d’assurance des biens et réduira les primes et les frais de courtage pour nos commanditaires», a déclaré un porte-parole de Blackstone.

Les captives ne sont pas une nouvelle tactique pour les entreprises pour atténuer les risques. La société de notation AM Best Co. affirme que la première captive du monde a été créée aux Bermudes dans les années 1960 en réponse au durcissement du marché de l’assurance, qui décrit le moment où les primes deviennent plus chères et la capacité de couverture des assureurs diminue. Le recours à des captifs coïncide souvent avec un marché de l’assurance qui se durcit, ou lors de crises telles que les attentats terroristes du 11 septembre ou les ouragans qui ont ravagé la côte du golfe du Mexique en 2004-05.

Bon nombre des plus grandes entreprises américaines ont utilisé des captives, notamment dans le secteur pétrolier et gazier. Ces dernières années, les sociétés de covoiturage Uber Technologies Inc. et Lyft Inc. ont formé des filiales d’assurance . L’assurance peut être un défi pour les entreprises qui s’engagent dans de nouveaux modèles commerciaux: les assureurs traditionnels n’ont souvent pas suffisamment d’informations pour tarifer la couverture d’une manière qui rendrait ces nouvelles entreprises économiquement viables.

Le recours accru aux captives ne pose pas de risque immédiat pour le secteur de l’assurance, selon les courtiers. Aon a déclaré que cela reflétait une réorganisation du secteur, les assureurs étant prêts à abandonner des secteurs d’activité devenus non rentables. Pourtant, les entreprises captives pourraient envisager d’élargir leur utilisation à l’avenir.

Selon AM Best, le nombre de captifs domestiques américains a plus que doublé pour atteindre 3133 entre 2007 et 2019.

La pandémie a mis en évidence l’intérêt de pouvoir adapter l’assurance en utilisant une captive, plutôt que de s’appuyer sur une couverture du marché libre via des assureurs traditionnels. De nombreuses entreprises pensaient être couvertes en cas de chocs inattendus, pour se faire dire par leurs assureurs traditionnels que les exclusions pandémiques dans les petits caractères des polices rendaient leurs réclamations invalides.

Partout dans le monde, les tribunaux se demandent si les polices d’assurance contre les pertes d’exploitation détenues par des millions d’entreprises couvrent une pandémie . Aux États-Unis, les assureurs de biens ont remporté une série de décisions judiciaires confirmant leurs refus de réclamations pour perte de revenus des entreprises lors de fermetures ordonnées par le gouvernement, atténuant les espoirs de paiement des assurés pour les aider à rebondir. Le 15 septembre, un tribunal britannique s’est prononcé principalement en faveur des assurés dans une affaire test qui a examiné différentes formulations de polices.

Alice Uribe. 27 septembre 2020

ASSURANCES & RISQUES. Marché des Assurances et point de vue des entreprises d’assurances.

En septembre 2019, j’écrivais sur ce blog (voir Archives du blog ou Moteur de recherche) : « La problématique Assurances et Cyber risques qui fait l’objet de nombreux articles dans la presse me fait penser aux difficultés rencontrées face à ce que l’on appelait les nouveaux risques (1990-2003).  D’un côté, les compagnies d’assurances étaient plus réticentes à prendre en charge les risques industriels et les nouveaux risques, notamment de réputation. De l’autre les grandes entreprises à l’égard des compagnies d’assurances préféraient gérer elles-mêmes leurs risques. Cette nouvelle logique de transfert du risque a été l’un des points d’ancrage historique de la gestion des risques.  Dans notre ouvrage sur la Fonction Risk Manager, Nicolas Dufour et moi-même reprenons les propos d’un Risk Manager qui me disait : « Il existe un trou énorme entre la protection incendie proposée par les compagnies d’assurances et ce dont nous avons besoin… Quand je suis arrivé dans l’entreprise (1994), je me suis aperçu que l’objectif est la sauvegarde de l’outil de production… La perte d’exploitation est énorme, jusqu’à X millions d’euros, on achète une assurance incendie. Au-delà on achète de quoi remettre la machine en route. »  https://www.la-librairie-rh.com/livre-entreprise/la-fonction-risk-manager-fris.html

N’en est-il pas de même en mars 2021 ?

Le sujet est toujours d’actualité, devenu conflictuel voire douloureux pendant la crise de la Covid-19. Les articles du mois de mars seront consacrés à ce sujet.

  • Nous commencerons aujourd’hui par présenter le point de vue des entreprises d’assurances. Retour sur les fondamentaux : risque assurable, appétit au risque.
  • Nous l’illustrerons la semaine prochaine via l’exemple du Cyberrisque et analyserons le marché des assurances.
  • Nous proposerons dans la deuxième quinzaine de mars des conseils et pistes de solutions : quelles solutions pour faire face à cette situation ? La gestion des risques transversale et le Risk Manager sont au premier plan. 

Opinion. Pourquoi le risque pandémique n’est pas assurable

Une pandémie entraîne par nature un cumul potentiel des sinistres tel qu’ils ne sont tout simplement plus absorbables par les compagnies d’assurances, écrit Denis Kessler. L’évaluation du risque est en outre rendue impossible par la diversité des réactions des pouvoirs publics dans les différents pays.

«Les décisions administratives ou politiques de fermeture de certains établissements sont non modélisables (…) ce qui rend l’évaluation du risque impossible». (Sébastien Bozon/AFP)

La crise sanitaire a mis le sujet de l’assurance des pertes d’exploitation des entreprises en situation de pandémie sous le feu des projecteurs. Selon certains, les assureurs, en ne proposant pas de protection contre ce risque, feraient preuve de « mauvaise volonté ». Cette affirmation est ubuesque. C’est en assurant que les assureurs créent de la valeur ! Si le marché de l’assurance ne propose pas de telle protection, c’est pour des raisons de fond qui tiennent à la nature même du risque. De fait, les conséquences économiques d’une pandémie sont non assurables.

Premièrement, alors que l’une des conditions de l’assurabilité, qui repose sur la mutualisation des risques, est que tous les sinistres ne se produisent pas en même temps, le risque de pertes d’exploitation en cas de pandémie est sériel : quasiment tous les agents économiques sont touchés simultanément. Cela découle de la portée régionale et même souvent nationale des mesures prises par les pouvoirs publics – confinements, couvre-feux, fermetures administratives… – qui affectent des pans entiers de l’économie. Les assureurs n’ont pas la capacité d’absorber un tel cumul de sinistres. Ce caractère sériel est d’autant plus marqué que, le risque pandémique étant global, il ne connaît pas les frontières. La diversification géographique des portefeuilles de risques est inopérante et aggrave le cumul de sinistralité pour les (ré)assureurs globaux. L’exposition peut atteindre plusieurs points du PIB mondial.

Deuxièmement, le risque de pertes d’exploitation liées à une pandémie, plutôt que d’obéir à des « lois de la nature », est largement non modélisable et endogène. Il dépend très largement des mesures spécifiques mises en oeuvre par les pouvoirs publics pour enrayer la diffusion du virus. Les pertes d’exploitation subies par les entreprises sont principalement consécutives à ces mesures qui in fine ont limité ou arrêté l’activité. Or ces décisions administratives ou politiques sont non modélisables. Le fait que les mesures prises face à la pandémie de Covid-19 sont très différentes d’un pays à l’autre – alors que ces derniers sont confrontés à des situations similaires ! – en atteste. Cette incertitude radicale et irréductible rend l’évaluation du risque et le calcul de la prime d’assurance impossibles.

Antisélection et aléa moral

Troisièmement, la dernière raison de non-assurabilité de ce risque tient à de possibles phénomènes d’antisélection et d’aléa moral. L’antisélection est l’effet par lequel seuls les agents économiques les plus exposés s’assurent, ce qui réduit l’effet de mutualisation. En l’espèce, seules les entreprises des secteurs les plus touchés – hôtellerie, restauration, tourisme… – achèteraient une protection (sauf à ce qu’elle soit obligatoire, ce qui poserait des questions d’acceptabilité). Celles appartenant à un secteur épargné – par exemple l’e-commerce – n’auraient aucun intérêt à s’assurer. L’aléa moral est l’effet par lequel le risque est augmenté par une modification du comportement des agents économiques dès lors qu’une assurance joue le rôle de filet de protection. En l’espèce, la couverture du coût du confinement par des tiers (les assureurs) créerait un problème d’aléa moral manifeste au niveau des pouvoirs publics, qui n’assumeraient plus le coût économique des décisions qu’ils prennent alors même qu’ils décident des voies et moyens pour faire face à la crise sanitaire et qu’ils sont in fine responsables de sa gestion ! Une telle situation pourrait inciter les pouvoirs publics à mettre en oeuvre des mesures plus coûteuses économiquement…

Les garanties pertes d’exploitation figurant dans les contrats d’assurance sont dans la quasi-totalité des cas liées à des dommages matériels, par exemple en cas d’incendie. Les conditions d’assurabilité sont alors réunies : les sinistres ne se produisent pas tous en même temps, le risque est largement exogène et modélisable, l’antisélection et l’aléa moral sont contenus. Dans de rares cas, des contrats ont pu prévoir clairement la couverture des pertes d’exploitation en cas de pandémie. Pour ces contrats, qu’il n’y ait pas d’ambiguïté : il faut les honorer. Si les contrats sont imprécis ou ambigus, il faut que le juge ou le médiateur tranche.

Le risque de pertes économiques en situation de pandémie présente des caractéristiques similaires au risque de dommages aux biens en situation de guerre : cumul des expositions, limites à la diversification, caractère non modélisable, rôle des décisions politiques et aléa moral. Le risque de guerre n’est pas assurable, et cela fait longtemps que la quasi-totalité des contrats d’assurance comportent une clause indiquant que les dommages du fait d’actes de guerre ne sont pas couverts. C’est la même raison pour laquelle la quasi-totalité des contrats d’assurance ne couvrent pas les pertes d’exploitation en cas de pandémie. Dans les deux cas – guerre comme pandémie -, seul l’Etat peut prendre en charge les conséquences économiques d’une crise d’une telle ampleur, via des mécanismes de redistribution qui en étalent la charge sur l’ensemble des agents économiques, et même sur plusieurs générations. Il n’est donc pas surprenant qu’à ce jour aucun pays ne soit arrivé à mettre au point un mécanisme de prise en charge par l’assurance. Il ne s’agit pas de mauvaise volonté de la part des assureurs, mais d’impossibilité technique et économique.

Denis Kessler est PDG de SCOR.

Publié le 15 janv. 2021.

Assurances & Risques : quelques réflexions sur cette crise

D’abord, prenons bien conscience de l’épreuve vécue par beaucoup : deuils, peur de la maladie, peur de la crise économique, des personnes âgées quittant ce monde sans être entourées de leurs proches et pour les croyants sans secours spirituel.

C’est important car il y aurait de l’indécence à ne voir dans cette crise qu’une « formidable opportunité » (d’unité, de solidarité, …). Et pourtant, nous devons bien nous demander en même temps comment traverser cette crise et donner le meilleur de nous-mêmes aux autres en gardant espérance et bonne humeur dans la mesure du possible : osons citer Baden Powell : la bonne humeur est aussi contagieuse que la rougeole…

Alors que faisons-nous de ce moment et quels enseignements pour nos métiers des risques et de l’assurance ?

Faire face au risque, l’assumer

Ce scénario de pandémie était connu et il n’est pas certain que nous y étions suffisamment préparés…. Dans les métiers du risque d’entreprise, on vit les mêmes problèmes : souvent les catastrophes déroulent des scénarios pré-identifiés que l’on n’a pas voulu voir, ou qui ont fait les frais d’arbitrages budgétaires « court termiste ».

Valoriser l’expertise sans en être prisonnier 

Sur des sujets techniques comme la santé ou les risques d’entreprise tels qu’incendie, collision durant le transport…, l’expertise est indispensable. Mais à la fin c’est le décideur qui doit se faire une opinion en responsabilité, avec ses intuitions, ses valeurs. Alors que les scientifiques en recherche nucléaire ont expliqué par a + b au Général de Gaulle toutes les difficultés techniques empêchant d’avancer sur le programme, ce dernier s’est fait sa propre opinion pour finalement, « en s’y prenant autrement », parvenir à suivre son planning et non celui des experts. Primauté donc à la décision du leader en considérant le bien commun. Sur la crise sanitaire, nous avons vu toutes les discussions, les positions contradictoires des experts sur ce qu’il fallait faire ou ne pas faire en termes de prévention et de soins en santé. A la fin, c’est le leader qui doit trancher, idéalement en ayant filtré les informations, exercé son jugement et considérer le bien commun. Pour revenir aux risques d’entreprises classiques, réalisons-nous des cartographies de risques en étant davantage mus par la nécessité d’être conforme aux règles, de « cocher la case » au risque de rester seulement collés à l’expertise ? Ou bien, ne devons-nous pas chercher à utiliser les informations collectées pour des prises de décisions avec les leaders afin de vraiment créer de la valeur en évitant ou réduisant les risques au bénéfice des salariés et de l’environnement en général ?

Donner du sens

Les conséquences financières de cette pandémie pour les entreprises ont conduit à des attentes et des challenges forts vis-à-vis de l’assurance sur la prise en charge de la perte d’exploitation. Des leaders de l’assurance ont répondu en fournissant des explications avec des propositions pour l’avenir. Mais sur le fonds cela ne souligne-t-il pas une incompréhension toujours forte de ce métier essentiel qu’est l’assurance pour l’économie ? Je me souviens que lorsque j’étais étudiant à Sciences Po, l’assurance n’était abordée qu’en tant qu’Investisseur Institutionnel, sans aborder son fonctionnement.

Parvenir à une meilleure compréhension de l’assurance, de ses mécanismes et de son modèle ne passe-t-elle pas par s’interroger sur ses fondamentaux : par exemple, comment comprendre l’assurance si son périmètre dédié à l’assurance des entreprises reste structurellement déficitaire depuis des années ?

Alors que la matière première de l’assurance sont les données, comment accepter que toutes les données disponibles ne soient pas utilisées et valorisées avec tous les outils innovants comme l’Intelligence Artificielle, afin de permettre une meilleure connaissance des risques et de leurs coûts ?

Cette meilleure connaissance du risque et de son coût bénéficiera bien sûr aux assureurs dans la gestion de leurs propres engagements mais aussi à leurs clients entreprises. Au-delà des challenges liés à la crise sanitaire, l’assurance, ancrée sur ses fondamentaux, valorisant son expertise et tout son potentiel d’innovation peut accroître la valeur qu’elle apporte au service du bien commun (société, entreprises, personnes), en clarifiant son rôle et en générant davantage de confiance.

Laurent Barbagli

Publié le 21 avril 2020

AMRAE – La sagesse du risque, pour une immunité collective – 3-4 février 2021. Ce qui se cache derrière ce titre. A lire et re (voir).

Merci à Cécile DESJARDINS de relayer mes propos dans son article « Management du Risques : le retour de l’humilité. » Les Echos, 3 février 2021.

2020 : année stratégique pour le Risk Management et le Risk Manager. Le RM a gagné en légitimité cognitive (Suchman, 1995). Elle est le « graal de la légitimité » : écoute encore plus attentive de la DG, accès renforcé aux opérationnels, une fonction plus visible. En montrant quel était son rôle, le RM a également gagné en légitimité personnelle : expérience, connaissance de son groupe, de son activité et des opérations, sens de la communication pour se faire entendre en toute liberté de la DG et des opérationnels (sensibiliser, faire prendre conscience des risques, alerter tout en sachant rassurer).

A lire : le dossier RISK MANAGEMENT 2021, Les Echos, 3 février 2021.

Le rendez-vous annuel des responsables des risques en entreprise ne s’est pas tenu à Deauville cette année. Face à une pandémie à rebonds, l’AMRAE (Association pour la Gestion des risques et des Assurances dans les Entreprises) a choisi une rencontre en ligne pour faire le point sur les grands enjeux de la profession, mise à l’épreuve par une crise mondiale sans précédent.

A (re)voir : les REPLAYS des tables rondes. Gratuitement – il suffit de s’inscrire) à cette adresse : https://lnkd.in/eEpjQSy

Exemples de thèmes abordés : Risques, climat et RSE ; Risques RH et associés ; Cyberrisque ; Gestion globale des risques ; Financement des risques par les assureurs intégrant le riskmanagement.

Ces thèmes, à l’exception du dernier, ont fait l’objet de nombreux articles dans ce blog (voir Archives ou moteur de recherche). Je décris pourtant la logique de transfert du risque des assureurs vers les entreprises comme le 3ème facteur ayant contribué à faire du risque, une variable stratégique de la réflexion des entreprises. Je l’aborderai dans les publications des semaines à venir sur le blog.

https://www.la-librairie-rh.com/livre-entreprise/la-fonction-risk-manager-fris.html

« La Fonction Risk Manager. Organisation, Méthodes et Positionnement » labellisé par la Fondation Nationale pour l’Enseignement de la Gestion des Entreprises (FNEGE).

Moins d’un an après sa parution, l’ouvrage que j’ai co-écrit avec Nicolas Dufour, RM dans une Mutuelle, a reçu le label 2020 de la FNEGE. Label de qualité et reconnaissance de nos pairs dont nous sommes très fiers.  Nous espérons que cette labellisation vous donnera envie de lire notre ouvrage. FNEGE 2